Vivre en tant qu’invités dans un monde qui ne partage pas certaines de nos valeurs les plus profondes est un véritable défi. Comment préserver notre intégrité et notre saveur au milieu d’une humanité à la dérive ?
« Bien aimés, je vous encourage, en tant que résidents temporaires et étrangers sur la terre, à vous abstenir des désirs de votre nature propre qui font la guerre à l’âme. Au milieu des païens, ayez une bonne conduite, afin que, là où ils vous calomnient comme faisant le mal, ils voient vos œuvres bonnes, et glorifient Dieu au jour de sa visite » (1 Pierre 2.11-12). Dans son exhortation, l’apôtre Pierre utilise 2 phrases de tournures opposées : la première est négative : « abstenez-vous des désirs mauvais », et la deuxième est « positive » : « Adoptez une belle conduite ».
Pour que notre sel ne perde pas sa saveur, voici trois mises en garde très utiles :
1. S’abstenir des désirs mauvais de notre humaine nature
Le siècle des lumières, en la personne de Jean-Jacques Rousseau, a engendré un mythe qui est bien répandu aujourd’hui : le mythe du bon sauvage. C’est l’idée selon lequel l’homme serait bon par nature. Et c’est la société qui corromprait l’être humain. Mais la Bible est claire à ce sujet, et elle nous rend la vue : depuis la désobéissance des premiers humains, l’on « naît tout entier dans le péché », et j’ai besoin que Dieu « crée en moi un cœur pur » (Psaume 51.8, 12).
J’ai donc un combat intérieur à livrer. Un combat intérieur contre des désirs mauvais qui « font la guerre à l’âme ». Ces désirs mauvais et tentations proviennent de notre nature propre, du vieil homme à l’intérieur de nous. C’est cette ancienne nature que nous devons faire mourir, comme le dit si bien l’apôtre Paul en Colossiens 3.5 : « Livrez donc à la mort, et maintenez-y, les aspirations qui, dans votre vie, appartiennent à la terre : l’immoralité, les pensées impures, les passions incontrôlées, les désirs inavouables et cet attachement aux biens qui est une forme d’idolâtrie ».
Si on les nourrit, ces désirs mauvais nous éloignent de Jésus. Et en lieu et place de la vie nouvelle et joyeuse de son royaume et de la liberté glorieuse qui est la notre en lui (Romains 8.21), ils nous font croire dans le mirage des passions. Ces passions promettent d’étancher notre soif, mais au final, elles ne font que nous détruire, et faire la guerre à notre âme.
Quand on entend ces mots désirs et passion aujourd’hui, on pense rapidement aux désirs d’ordre sexuel. Mais si ce que Pierre dit ici inclut certainement la sexualité, cela ne se limite pas à ce domaine. Ce sont tous les désirs et passions qui viennent affecter notre relation avec Dieu, et nous empêchent de vivre notre identité de chrétien dans le monde, et de porter du fruit, et de refléter l’Évangile par nos vies.
2. Résister à la pression de ce monde
Le monde aussi, exerce une pression subtile sur nous. Il y a le désir d’être reconnu et accepté par la société, ou de fuir l’hostilité ou la méfiance vis-à-vis de l’Évangile. Cela peut nous pousser à faire des compromis avec notre foi.
Voici quelques exemples :
- Tricher ou mentir pour avoir absolument cette promotion au travail parce que l’on désire la reconnaissance à tout prix,
- Négliger sa vie de famille, pour gagner plus d’argent parce que l’on désire posséder toujours plus,
- Se laisser entraîner dans des excès d’alcool lors de soirées entre amis, parce que l’on désire l’approbation des autres avant celle de Dieu.
Mais la pression peut aussi être une influence inconsciente qui s’exerce subtilement à travers les refrains insufflés par notre culture environnante. Cette culture séculière où l’individualisme est roi A force de se répéter, ses refrains finissent par changer nos mentalités :
« la foi est privée », « il ne faut pas parler de ce que l’on croit », « être humble c’est pour les faibles », « il faut marcher sur les autres pour réussir » …
Afin de préserver notre identité et notre liberté glorieuse d’enfants de lumière (), nous sommes appelés à nous laisser transformer par le renouvellement de notre intelligence, et à nous souvenir de la grâce de Jésus qui s’est offert pour nous, et nous appelle, à notre tour, à nous offrir nous-mêmes comme en sacrifice vivant (Romains 12.1-2).
3. Adopter une belle conduite
Une belle conduite… C’est l’opposé de ce que Pierre appelle « la manière de vivre dépourvue de sens que vous avaient transmis vos ancêtres » (1 Pierre 1.18). C’est une conduite qui est belle et bonne aux yeux de Dieu premièrement, mais aussi aux yeux de la société qui est la notre. Car les gens vont voir notre bonne conduite, dans des aspects qu’elle considère elle-même comme bons.
Pourquoi adopter une belle conduite ? Pierre nous donne la réponse en 1 Pierre 1.12 : « afin qu’ils remarquent votre belle manière d’agir et rendent gloire à Dieu le jour où il interviendra ». Dieu nous regarde, certes. Mais le monde aussi nous regarde. Il nous observe pour voir comment nous vivons, et si notre vie est en accord avec ce que nous disons être, nous qui nous réclamons être le peuple de Dieu.
Dans l’Ancien Testament, le comportement du peuple de Dieu pouvait amener, parmi les nations, de l’honneur ou du déshonneur sur Dieu lui-même. Au premier siècle, la nouvelle religion ou philosophie chrétienne était scrutée par des yeux observateurs, et Pierre le savait. Le comportement des chrétiens pouvait donc être un argument fort en faveur du christianisme.
Aujourd’hui encore, la première apologétique de l’Évangile, c’est notre vie, avant même nos paroles. Aujourd’hui encore, les chrétiens sont appelés à vivre au milieu de la société, d’une façon distincte, par de belles œuvres qui rendent gloire à Dieu. Et l’exemple si triste des scandales de ces dernières années, liés aux mauvais comportements, voir aux abus de certains pasteurs ou leaders chrétiens renommés, nous le rappelle douloureusement. Quels dégâts dans les vies, non à cause des paroles ou d’une mauvaise théologie, mais à cause d’une mauvaise conduite ! Notre manière de vivre peut-être une apologie de la foi qu’on proclame, où l’inverse…
La société va “remarquer” notre belle manière d’agir, dit Pierre. Cela va se voir ! Même quand on dira du mal de nous, qu’il y aura des ragots, qu’on nous taquinera, qu’on se moquera de nous, ou qu’on répandra des mensonges sur nous.” Oui nous seront scrutés ! Et donc certains verront l’Évangile au travers de nos vies. Nos voisins, collègues, amis, membres de nos familles… Les autorités vont elles aussi regarder comment les chrétiens se comportent dans la société, comment les églises s’intègrent dans leurs villes et contribuent à leurs biens.
Alors posons-nous cette question : Quel bien pouvons-nous faire dans la société, dans notre domaine d’activité, dans nos relations avec nos proches et notre famille, qui puisse être reconnu comme bien par eux et soit un témoignage positif de l’Évangile ?
…parce que le monde nous regarde
Dans nos vies familiales, professionnelles, associatives, d’église locale, on sera par moments concentrés sur des tâches, des choses pratiques à faire, mais n’oublions pas que le combat se joue derrière les portes closes, là où personne, ou plutôt là où Dieu seul nous voit.
Reconnaissons devant Dieu quels sont les désirs ou tentations qui font la guerre à notre âme, confessons nos péchés lorsque nous tombons, et demandons-lui de nous aider par sa grâce à combattre ce combat en premier. Car le véritable combat se joue dans notre cœur. Ce combat nommé désir.
Paul M.